La Charte (rouage essentiel des parcs nationaux qui fixe des objectifs en s’appuyant notamment sur l’agriculture et le tourisme pour le développement économique local) fut adoptée en 2006 et recueillit, au fil des ans, l’adhésion de 49 communes sur 54. En irréductible gaulois, un tout petit village du Champsaur, partiellement implanté dans le cœur du Parc, lui résiste toujours : CHAMPOLEON, ses 136 champoléards (en 2020) et sa dizaine de hameaux.
Les skieurs rebelles de l’ASPTT ont mené l’enquête en y prenant leurs quartiers d’hiver pour cette dernière semaine de janvier, au bout d’un vallon sauvage (et au réseau sélectif), tournez à gauche après Pont du Fossé et avant Orcières, la route s’enfonce le long du Drac blanc, entre le Vieux Chaillol (3163m) et l’Aiguille de Cédéra (2909m). Hameau des Gondouins 1313m, vous êtes arrivés.
Huguette nous accueille dans son gîte spacieux au confort spartiate, à la cuisine locale savoureuse (les authentiques tourtons) et à l’eau ravageuse de 5 flores intestinales sur 8 (à l’heure où j’écris ses lignes). Avec ses fables de loups et de moutons, ses histoires de transmission, ses résignations devant l’inexorable exil des jeunes, Huguette, telle le fou d’Edenberg (Samivel), approuve fièrement l’opposition au Parc qui n’aurait pas tenu ses promesses… Etait-ce là l’avenir du monde, pensais-je prise de vertiges, dans une Europe à 27 dont on déplore l’impuissance contre la guerre, la crise, les paradis fiscaux et les affres du climat ?… Le grincement d’une brouette crevée me tira de ma rêverie : tiens, encore Bernard qui revenait de sa corvée de bois pour gagner son trône devant la cheminée - et les faveurs d’Huguette la bien nommée.
Au départ des Richards, de nombreuses randonnées s’offrent à tous les motivés, dont Le Palastre (2278m) toujours venté et la Pointe sud de la Venasque (2620m), dont le sommet étroit se gagne skis sur le sac. Au départ de l’authentique hameau de Prapic (où les habitants préfèrent habiter « le trou du cul du monde plutôt qu’un monde de trous du cul »), le col des terres blanches (2721m) se mérite après la patience d’un long chemin sauvage et sinueux qui remonte le Drac noir et s’élève doucement au-dessus du torrent de la Bruyère. L’Olan, les Bans, le Sirac et le Pelvoux sont à portée d’œil de lynx pour réconforter les courageux.
Au départ de Achinard, la Grande Autane (2782m) nous tend les bras tout en se laissant désirer, avant de révéler sa grosse peuf de descente. Au départ d’Orcières, au-dessus du lac des sirènes, le lac des Estaris (2582m) se gagne dans la tempête et les glaciales rafales ; à tel point que les plus généreux s’abaissent pour des offrandes aux Dieux en réclamant la clémence d’Eole… finalement 4 murs et un toit restent le moyen le plus fiable pour dépeauter au chaud.
Au départ des Baumes, Tête Virante (2675) nous fit virer la tête, parfois chauffer l’avant-bras, mais tous haleter, souffler et gémir de plaisir, à la montée comme à la descente. Vue sur le Valgaudemar au Nord, le Vieux Chaillol et la Pointe des Mourtières au Sud, les Choucières Vertes à l’est et le Dévoluy à l’Ouest. Et avant de partir, de quoi se vautrer dans une dernière combe ombragée, enneigée à souhait, dégotée d’on-ne-sait-où par on-sait-qui et qui redonne à tous le peps et la mine réjouie ! Quand la fatigue engendre encore de délicieuses sensations, troooop bon !
Le stage ASPTT c’est aussi accéder (enfin) au secret bien gardé de la conversion avale sans (trop) se fatiguer, après de nombreuses années à se débattre avec des ouvertures de hanches critiques et des lever de jambes instables… merci Patron !
Le stage ASPTT c’est encore reposer ses cuisses le soir et se prendre la tête à chercher des associations improbables de mots mal assortis pour gagner l’estime de son équipe ; révéler un peu de son intimité sur ce qu’on emporterait sur une ile déserte, ce qu’on ne ferait même pas pour 10 000 € et ce qu’il.elle devrait faire plus souvent à la maison ; visiter les photos de Catherine Riegel « semeuse de joie » sur son partage avec des nonnes bouddhistes dans le Zanskar. Expo jusqu’au 31 mai 2023 et film à (re)voir.
Le stage ASPTT c’est enfin ce rapport au temps renversé par la succession de journées magiques et la conquête de ce luxe suprême d’en disposer à peu près comme bon nous semble, autrement dit consacré à l’essentiel : le mouvement et l’émerveillement (Cédric Sapin-Defour).
Un grand merci à tous pour votre énergie, votre bonne humeur et votre humour, j’ai nommé Michel, Bernard, Pierre, Yves, André, Valérie, Nathalie (pour les photos)- Gaëlle 30.01.2023.