Départ matinal de Saint-Priest, petite pause-café à Courmayeur puis arrivée à Place Moulin à 1980 m. Drôle de nom, j’avais vérifié plusieurs fois lors de la préparation que ce nom existait bien, un coup d’œil sur la carte me l’avait bien confirmé. Une bonne heure et demie plus tard nous arrivons au refuge Prarayer (2005 m) qui nous accueillera le soir. Pas le temps de faire plus que de se présenter car nous avons un programme même pour ce jour d’arrivée : aller au Château des Dames (3489 m) par le glacier de Bellatsa. Il fait assez beau, il a neigé les jours précédents et il fait déjà chaud. Nous nous arrêtons vers 2500 m, loin de l’objectif mais il faut être réaliste, il est trop tard pour monter là-haut et préservons notre capital pour les jours suivants.
Nous serons 3 tables ce samedi soir et les derniers clients de la saison car le refuge ferme le lendemain matin pour engager des travaux avant la saison d’été.
J2 : le mauvais temps annoncé est bien là, il neigeotte mais rien d’extrême. Nous devons au moins monter au refuge Nacamuli à 2828 m et si possible poursuivre pour un aller-retour à la Becca Vannetta (3363 m). Sorti de la forêt au-dessus du refuge nous sommes cueillis par des bourrasques de vent et de neige. On distingue devant nous la vallée que l’on doit remonter mais pas les sommets environnants. Après une attente d’une demi-heure de Jean-Philippe retourné plus bas retrouver ses lunettes de soleil, nous repartons, moi avec toutes mes couches de vêtements. Une traversée sans encombre mais fort désagréable, les éléments étaient déchaînés contre nous. La Becca Vannetta ne se fera pas cette année, c’est certain. Nous sommes accueillis à l’heure du casse-croute chaleureusement par le gardien, bonnet sur la tête et en veste de ski. Puis plus tard sa cuisinière, habillée pareil. Tiens, on dirait qu’il fait froid dans le refuge…effectivement, le gardien s’est activé pour pendre des couvertures autour de notre table et du pöelle pour nous isoler du froid. L’après-midi sera longue, entre sieste et révision des mouflages. En effet, le lendemain, c’est du sérieux...
Nous nous endormons avec l’espoir que le vent se calmera et que les nuages partiront.
J3 : encore un vent glacial mais plus de nuage au réveil ! nous avons espoir de pouvoir réaliser la traversée Nacamuli-Aosta, étape-clé, le gardien qui par définition connaît son coin nous a affirmé que lorsque le soleil arrive, le vent s’arrête. Nous partons non sans nous mettre d’accord avec lui sur une heure d’arrivée au refuge suivant, le refuge Aosta. Au-delà en l’absence de coup de fil entre les 2 gardiens, nous serons considérés comme perdus…
Col Collon, incursion en Suisse pour une traversée du haut glacier d’Arolla, col du Mont Brûlé (3217 m) après avoir légèrement déviés vers un mauvais col plus évident mais qui ne menait à rien, haut glacier de Tsa de Tsan jusqu’au col de la division (3315m) et sa descente, dernière difficulté. On cherche au col ce que le gardien nous avait expliqué : un rocher avec 1 spit et des chaînes pour descendre le col. Rien de tout cela, juste un rocher sans spit et les chaînes qui apparaissent partiellement sous la neige mais bien plus bas. Nous descendrons un par un jusqu’au début des chaînes assurés par Michel sur un relais en sangle autour du rocher. Une succession de chaînes à descendre ski sur le dos et crampons (recommandés acier, n’est-ce pas Claude…) aux pieds. Puis nous nous regroupons en bas des rochers que nous avons descendus pour la dernière descente à skis jusqu’au refuge. Quel plaisir d’y arriver ! accueil XXL de Diego, des shots de génépy sont déjà servis sur la terrasse. Soirée décompression après cette superbe étape, le refuge est au pied d’une spectaculaire cascade de séracs provenant du glacier de Tsa de Tsan. Et Diégo nous fait la promesse de nous accompagner le lendemain à l’épaule de la dent d’Hérens. Il est seul, on est le seul groupe depuis plusieurs jours, il a envie de faire parler les cuisses dans son jardin.
J4 : cette journée nous mènera à l’épaule Est de la dent d’Hérens, au camion de l’ASPTT et à notre lit à Lyon…
Nous sommes presque tous arrivés à l’épaule, nous avons laissé Pascal fatigué un peu plus bas vers 3400m et le gardien Diego beaucoup plus bas car en l’absence de couteaux, il ne pouvait suivre. Belle récompense en haut avec la vue sur le Cervin, mesuré vérifié de retour à Lyon à 7 km à vol d’oiseau et sur le groupe du Mont Rose plus loin. La descente se fera par le cheminement de montée, l’alternative pouvant être une descente aventureuse par le glacier des grandes murailles. S’ensuivra un looong retour skis sur le sac le long du barrage pour retrouver le camion. Un stop pour une bonne bière et antipastis bien mérités à Courmayeur et un retour tardif vers 23h à la villa.
En conclusion, un tour du Mont Brûlé très réussit, un peu de chance avec la météo et un groupe super et au niveau comme l’exigeait le programme ! et d’autres sommets, d’autres possibilités entrevues au cours de ces 4 jours…à suivre…
François Gantzer