Brutalement déconfinés, notre enthousiasme était à la mesure du goût de liberté retrouvée après
une réclusion forcée (pour les plus respectueux d’entre nous). Les conditions de sortie s’annonçaient
rudes : un BRA à 3 dans la plupart des massifs, de grosses chutes de neige récentes suivies d’une
remontée des températures et de l’isotherme, sans compter le vent… bref, neige humide sur couche
fragile, parfaite alchimie des plaques, il y avait de quoi en faire renoncer plus d’un ! C’était sans
compter sur Bernard, sa finesse d’analyse des pentes, sa profonde connaissance du terrain et son
envie frénétique de rechausser (les skis cailloux augurant toutefois d’une skiabilité qu’il pressentait
médiocre … heureusement il arrive que le plaisir se niche aussi ailleurs que dans les seules conditions
nivo).
Pour cette sortie taillée sur mesure, direction St Jean de Maurienne et la Lauzière, en joyeuse bande
de filles (Marie-Christine, Nathalie, Laurence, Isabelle, Aurélie, Cécile, Gaëlle et oups François) :
finalement, comme la magistrature, le ski de rando se féminise ! Garés à Montdenis à 1450m sous un
ciel radieux et après quelques instants de perplexité devant l’herbe bien verte des prés, nous partons
skis sur le sac pour 10 petites minutes. Puis nous traçons sur la neige croutée du chemin forestier
(oratoire Ste Brigitte). Nous montons ensuite à vue dans la combe des Hurtières pour rejoindre la
crête (ou la « croupe » selon les plus poètes ou connaisseurs), et la suivons en se glissant entre les
rochers, jusqu’à la cime à 2417m. Une jolie grimpette de D1000 m selon les organisateurs - de 947m
selon Iphigénie (déesse auquel certains vouent un culte étrange avec les yeux de Chimène) et un
panorama magnifique sur les Cerces, les Ecrins, le Galibier, les aiguilles d’Arve, les Rousses,
Belledonne...
Le vent sur la dernière partie nous pousse à aller manger sur la brèche au pied de la croix du
Châtelard. La descente nous surprend : certes de poudre il n’y avait point mais une neige à peine
lourde de laquelle sortent les fleurs des champs - et qui dépasse nos espérances. Une vraie belle
journée intense en sensations et en émotions : il fut même question de triangle, de moto
(beaucoup), de camion (un peu), de guide et de procureur, de sudation et d’hydratation en
montagne. Last but not least pour fêter son initiation, Cécile nous offre à l’arrivée un verre de
champ’… du jamais vu de mémoire d’ASPTT… et une astucieuse stratégie pour se faire adopter ! Le
pot faillit tourner à la catastrophe avec le passage d’un clébard mal léché qui se fichait – lui – pas mal
du pédigré de la bouteille. On félicite en tout cas l’impétrante pour sa première sortie, sans oublier
de remercier Annie-Claude au retour qui nous accueille les bras chargés de papillotes, ébahie et
amusée devant une troupe survoltée qui avait du mal à se quitter.
16/12/20 Gaëlle