Qui ne s’est jamais essayé à l’élaboration d’une course sous-estime forcément le temps et la mobilisation requise pour sa préparation (notez que c’est pareil pour le koulibiak). La vigilance prend le pas sur l’imagination puisqu’il faut porter beaucoup d’attention à tous les paramètres sécurité : carte et topo (exposition, raideur de la pente), météo, conditions nivo (couche fragile, surcharges récentes…), événements des derniers jours dans le secteur, BERA mais aussi la composition du groupe. Ce qui peut aboutir à annuler une course en cas de risque marqué ou d’incertitude trop forte. Pour ceux que ces questions intéressent, je renvoie aux foisonnants sites de l’Anena et de Data-avalanche. Mesurons notre chance de pouvoir suivre nos encadrants quasiment les yeux fermés mais prenons conscience du brainstorming en amont.
J’en reviens à ce dernier mardi de Janvier. Direction la Tarentaise pour une approche originale du Quermoz dans le Beaufortain, à partir de Montgirod, 1200m. Ne laissez pas votre véhicule dans le village peu accueillant mais rejoignez le parking qui le surplombe de quelques virages.
Nous évoluons d’abord en forêt, telle un champ de coton avec ses branches chargées de neige fraiche, en silence et sérénité, à peine troublés par les devinettes de qui-vous-savez sur le pin (touffe à 2 aiguilles), le pin à crochets (avec ses cônes qui se recourbent), les épicéas (la pomme de pin qui tombe à la différence du sapin), le tuf dont le ruisseau ocre nous offre une belle illustration. Le quizz du patois savoyard nous captive (comment rester insensible à ce nouvel esperanto du 21ème siècle ?!) mais nous laisse perplexes quant à la signification du Nant du Beurre, refuge à quelques vallées de là. Nous passons les chalets de Rochedurand, longeons le ravin de la montagne, glissons sous les grésillements de la ligne à haute tension puis rejoignons la fruitière en suivant une belle trace dans la poudre (merci au traceur matinal auto-proclamé que nous croiserons en fin de journée).
Premières conversions dans la dernière pente pour se hisser au sommet (que j’arrondis volontiers à 2300m vu mes sources contradictoires et mon altimètre non calé). Ils sont tous là pour nous ravir : le Grand Mt, le Crêt du Rey, le Mt Blanc, le Mt Pourri, Bellecote, la grande Casse, la chaine de la Lauzière, Grand Arc... En équilibre sur la crête étroite, Paulo n’acceptera de rechausser qu’après que je me suis jetée à ses pieds pour stabiliser ses skis… chacun son petit moment fétiche. Descente dans la pure peuf, rechaussage pour 300m, longue godille jouissive avant un hors-piste exigeant et subtile entre les arbres, permettant à Paulo de faire plus intime connaissance avec certains feuillus. Grâce à Anthony notre photographe attitré, nous gardons une belle trace Relive et de jolis clichés.
Une journée extra dont il faut retenir : D+1400m, la promesse d’Anthony de partager son chocolat et de s’entrainer, avec Frédéric, au repeautage avec un objectif ambitieux : descendre sous la barre des 14 minutes par spatule (un vrai défi) ; la promesse de Paul de nous faire goûter sa tourte aux légumes ; celle de Zorro de refaire des toooooonnes de sorties comme celles-là et enfin celle de Gaëlle d’arrêter de chambrer tout le monde dans ses récits (je commence au prochain…) – les promesses n’engagent que ceux qui y croient comme on dit !
Gaëlle 28/01/2021